On choisit souvent, pour objectiver un mal être existentiel indéfini d'essence, lui donner un médium d'expression, des situations existentielles foncièrement pénibles...
L'insupportable sans alibi, c'est ce qu'il y a de pire, une angoisse de tous les instants...
Pour y échapper, il faut 'l'agir' et surtout 'l'agir' à contre courant. Se perdre de vue, en somme...
Car autrement qu'y faudrait-il que l'on n'ait pas tenté, une fois l'autre, à dessein de se rendre viable ? On se complait alors en toute bonne foi dans l'inversion impitoyable des effets et des causes: on se convainc qu'un renversement des réalités nous est nécessaire, alors que seule l'acceptation du mal-être originel et le bouleversement radical de la perception des choses et du soi-même pourrait être en mesure, non de nous tirer du gouffre, mais de constituer une alternative à la souffrance subie : la souffrance vécue.
Si seulement ce n'était pas si ardu...