Je suis la Fille-glace plantée là pour tenter, avant de condamner de reflets aveuglants et enliser de neige, la mâle engeance.
Mais parmi eux, se trouve le subtil, l’élu, le seul que j’épargne d’une pulsion estivale, le seul que j’épouse en ses états de vie.
Je suis fille-vapeur enclose de mille soupirs humides, écume d’ombre en mouvance, froufrouteuse, virginale et lascive au conciliabule des berges de son lit.
Je suis toute sécrétion qui porte un monde de cellules dans les fleuves de son corps.
Fille-larmes, qui en robes d’écumes, inonde son regard, ravaude ses paupières, émonde son visage.
Je sème en sanglot ses débris de plaie et récolte miettes par miette chaque blessure à recomposer d’une joie inouïe.
Fille-salive, que sa bouche gémit en traînée transparente sur le lobe d’une oreille.
Une langue mécanique qui lape inlassable le rugueux du désir.
J’aiguise sa soif de doigts habiles, dévale ses tempes et m’évapore au siège de sa nuque.
Fille-sperme, rythmée en pluie d’avril clinquante, qui saisit les entrailles et en couteaux liquides dévore l’abdomen.
Je lui offre une danse disloquée et me love dans l’éclaboussure coalescente d’une pluie de semences.
Fille-sang, en feu de rasoir qui teinte ses pommettes, en nid de chair conçu pour son futur.
Je suis fille-encre; ma goutte mentale cille son cortex en noces de cellules. Il m’éructe déjà vêtue de subjectivité, parenthèses liquides couchée sur le papier, pluie noire de lettres et d’idées qui mêlent ensemble leurs armes.
Je suis fille-alcools.
C’est mon sang encore qu'il lèche au fond d’un vin bouilli d’enzymes, pour découvrir, déchiffrer une langue-cri qu’il ne soupçonnait pas connaître.
Je suis fille-océan, de profondeurs aquatiques en gouffres d’inconscient...
Une narcose broie sa conscience, se repaît de sa face défaite, ravinée par la nuit.
Je lui ouvre les voies de la déportation, anesthésie sa souffrance dans la traversée d’heures lancinantes. Et lui offre en naufrage un sobriquet de rêve terrien emmitouflé de clandestinité aqueuse; camisole onirique, sublime ou hideuse.
Je suis fille-lait et coule dans sa gorge.
J'ai accouché dans un bain amniotique et mon enfant-amant est ce mort, téteur de vie, engoncé dans un sursis au lent défilement, que j'allaite par perfusion de tétons processionnaires.
Je suis partout intention et extension de lui.
Il peut tenter de me cracher, je le reprends ailleurs, dans un pore dilaté. Humide, je le caresse, caresse et caresse encore.
Il m’a croisée partout où il a vu la mort, la vie, le miracle et l'épanchement quand bien même, ingrat, il ne m’aurait pas reconnue.