Journal de bord de Cyrille

30/11/06

Bonjour. Ceci est un journal de bord. Aujourd'hui je me suis levé crevé, et une fois sur pied, j'ai comme à l'habitude fait couler l'eau en me brossant les dents et machinalement me dirigeant vers la source de chaleur, je fus saisi par un jet gelé. Chaudière en panne. Ma tronche, je vous dis pas, déjà qu'en essayant de sortir du piège, je m'éclate le genou sur le lavabo.
Je ne me souviens d'aucun rêve, nébuleux que j'étais à cause de l'herbe que je respire le soir. Je travaille trop. Je suis battu comme du lait.
Au fait je ne me suis pas encore présenté, je m'appelle Cyrille, j'ai 30 ans, je suis réalisateur dans une boîte de marketing, célibataire, j'accuse un certain nombre de pulsions virtuelles et j'adore fuir. Ma mère est morte, mon père devient sourd et ma soeur est psy. Je joue au foot le mercredi et le dimanche soir j'organise un ciné avec mes amis extended version. De manière générale, je ne m'ennuie pas, enfin je m'occupe quoi. La vie ne me pèse pas mais ne m'éclate pas non plus de son lot de surprises quotidiennes. Et vu que je refuse de m'emmerder, je me suis dit que ce journal était un bon moyen de tendre vers une amélioration de l'imagerie personnelle.

See ya

Néophyte Nombre de messages : 4 Age : 49 Date d'inscription : 29/11/2006

C'était toi alors ce matin, avachi dans mon canapé, qui tend de plus en plus à être le tien, fais-moi penser à te le léguer si je disparais prématurément, toi donc, la mine renfrognée, à me regarder bouffer mes yaourts jusqu'à la dernière molécule. Ben oui mon gars, t'avais pas un frère qui accusait 6 ans de plus au comptoir des années et qui guettait tes moindres sursauts inconscients pour te piquer ton frichti. Maintenant tu sais. Reste loin de mes yaourts du matin.

01/12/06

Il y a six ans Farellia retournait vivre en Afrique. Je me suis couché avec ce souvenir. Bon je vais vous épargner les détails de la journée professionnelle. Elle s’étend identique pour souvent et accuse une variance dans les chemins qui mènent au restaurant du midi. Bon par contre le soir, je me suis envoyé un peu de saumon chez le pater, précédé d’un bain chaud agrémenté de sels et autres mousses idiotes qui obligent de toute manière à finir par une douche. Le soir, je me suis retrouvé peinardos dans une chambre à – 20°, j’ai vaqué comme d’habitude en écoutant quelque musique et en passant un temps considérable sur ce forum là qui vient de s’ouvrir aux quidams. Elle me manque quand je repense à son départ avec ma peluche dans les mains et moi incapable de prononcer le moindre son, rien, pas un mot, pas une tentative de bilan des 5 années écoulées, rien juste une peluche tendue comme substitut. Pourtant j’étais content de son départ, qu’elle puisse se réaliser, ça me rendait fort de me dire aussi que la distance n’était qu’une idée et que dans les projections de l’homme elle n’a pas plus de consistance qu’un souffle au cœur.

02/12/06

C’est curieux que je débute ce journal en l’écrivant à l’envers au début des journées avant qu’il ne se soit rien passé. Je pourrai user des rêves pour agrémenter le tout mais je m’en souviens guère ces derniers temps. Je me souviens des réveils gelés. La chaudière n’est toujours pas réparée, je suis lent bon sang. Comme si la vie était plus longue quand on marchait lentement. Ca me rappelle toujours Mada où j’avais l’impression de faire des cents mètres quand je déambulais et dépassais entier le flot des passants.

Premier week-end sans travail. J’ai l’impression que je vais rejouïr ! Et j’ai démarré comme un champion en m’écrasant la tronche dans le canapé de ma voisine, Mops, vous apprendrez à la connaître, c’est un peu ma colocataire sans les inconvénients. Donc j’ai les clés et je m’étale quand bon me semble. J’ai écrasé des rires aussi devant Bruel et surtout Obispo qui se trimbalait avec une canne à la Mercury pour soutenir son micro, manquait plus qu’il le colore en or. J’ai commencé à planer et Ren est arrivé, je n’ai plus trop de souvenir des thématiques abordées, Julie a sonné, j’étais allongé une demi-heure plus tôt et là j’étais assis écrasé contre un des bords. Je suis passé aux sms, puis j’ai été m’enfermer dans la salle de bain spacieuse pour passer un coup de fil basé sur l’anticipation d’une situation qui est pensée avant d’être vécue. Après Mops est arrivée et m’a gentiment proposé de pieuter là, c’est que les 18 marches jusque chez moi… je l’ai remercié de sa délicatesse.

Ce matin j’ai redécouvert les joies de l’échange. Le mur de ma douche répond moins.

03/12/06

Il est midi 12.
Hier soir j'ai mangé des sushis.
Cette nuit j'ai gelé.
Ce matin j'ai fait un brunch.
Et là je suis juste bon pour une sieste.
Le dimanche est immuable dans sa construction quand il pleut dehors ce petit crachin typique de la Belgique. Celui qui est juste perceptible sur les verres de lunette. Une buée légère par touches pointillistes.
Le dimanche c'est le jour en trop, trop près de la semaine, pas assez long, jamais, pour pouvoir se projeter. C'est le jour du coup de fil au-delà des réseaux horaires et à travers les tropiques. Viens traverser un continent et épèle les termes du beau dans les cornets en écho.
Le dimanche c'est le repos qui se mue en ennui si l'engourdissement ne l'enferme pas dans ses draps...

Goldmund, l'homme dont la déstructure empiriquement organisée apaise le raisonnable même Journal de bord de Cyrille Icon_razz

Divine Nombre de messages : 197 Age : 118 Date d'inscription : 23/11/2006

Purée.

On dirait le blog de ma cousine [mon hypothétique cousine]

aura t'on droit aux dissonnances stomacales post digestion, et autres variations sur les symphonies en la mineur devant le hublot de la machine à laver?

je suis cliente pour le journal de virement de bord thaïlandais (fais-nous voyager en traveller check-mot)

Néophyte Nombre de messages : 22 Age : 55 Date d'inscription : 30/11/2006

Un commensal de tout temps m’habite désormais à jamais plus que de coutume, d’ordinaire ilote besogneur, il abat inlassablement les chairs malthusiennes déchiquetées pour procurer vitalités et engouements journaliers. Tout aussi exceptionnellement que longuement, il se drape des oripeaux matois de l’interlope carillonneur matutinal pour rappeler sa présence surnuméraire. La hâte effrénée laissant présager de bien sombres journées s’amorce dès lors : l’hypogastre hurle en une poignante douleur à éructer immédiatement qui jette l’être pantelant au pied du lit en une impossible course vers l’œil béant, glauque d’ordinaire si discret. La rafale matinale parfois involontaire scintille d’ordinaire de reflets flavescents desséchés, témoins de soupirs passés. Celle occasionnée par l’ilote témoigne de moult contorsions à venir et décore admirablement les paupières de l’œil glauque ainsi abondamment abreuvé dans les moindres recoins pour la journée et surpris par une telle cacophonie qui ne laisse même pas l’ouïe des voisins pourtant si calmes, indifférente.

Il est présent en chacun de nous : le claustricum difficile et son éternelle épouse, si surnuméraire : la colite.

04/12/06

Mince je viens d'avoir une colite.

Bon je vois que tout le monde y va de sa petite graine. Ca me rappelle ce film d'hier soir, oui vous savez le ciné du dimanche soir, le concept cartonne merci. Donc eh bien parfait exemple de famille psychotique à la douglas Coupland comme me le signalait fort justement Philippe. Voilà toujours besoin de donner son opinion, son avis, sa petite pique. Les gens sans opinion sont pourtant passionnants, s'en foutent quoi, soit par manque d'intérêt, soit simplement parce qu'ils sont au-dessus, ça les apaise de ne pas l'ouvrir. Dans la seconde partie de ma vie je devrais apprendre à moins parler.

J'ai rêvé de Dunea cette nuit, Dunea c'était la fille dont j'étais amoureux en humanité, là dans le songe elle était sur mes épaules, je me promenais avec elle sur mes épaules dans une pièce où plein de gens étaient amassés. Je me sentais bien, c'est une chose pourtant qui n'arrivera jamais. Elle est mère à présent, je l'ai croisée avec le père de l'enfant, beau mec. Avant j'étouffais de rougeur chaque fois que je la croisais, mais ça va mieux, sur mes épaules. Etrange. Comme une enfant en fait. Comme un père. Puis je me suis battu avec des mecs qui ne nous laissaient pas jouer au basket. L'un d'entre eux m'a planté un cou de couteau. J'ai souri en saignant.

Néophyte Nombre de messages : 22 Age : 55 Date d'inscription : 30/11/2006

Apprendre à moduler l'expression de vos songes éventuellement?

Une Françoise Dolto à une heure de grande écoute y verrait sans nul doute un manque d'assurance en votre virilité que vous considérez comme défaillante et peu à même de satisfaire la partenaire et donc de suffire au maintien gratifiant du couple que vous revendiquez implicitement avant de le transférer sur un rival!

Pour preuve : le besoin d'arborer en public le trophée placée sur votre tête, mais aussi en d'autres termes le besoin de reconnaissance social de l'union. Dans le même ordre d'idée, une réaction symptomatique d'un transfert pour le moins singulier qui ne vous fait plus rougir lorsque la partenaire perdue arbore fièrement la vie de couple que vous auriez hypothétiquement aimé lui donner mais qui, paradoxalement, vous rassure dans la mesure où elle l'arbore avec un concurrent . Une présomption de masochisme et d'oblation n'est donc pas à exclure.

Les autres considérations relatives à l'enfance et à votre homicide que vous trouvez si plaisantes me paraissent bien trop privées pour les étaler ainsi à la vue de tous.

Divine Nombre de messages : 197 Age : 118 Date d'inscription : 23/11/2006

On explique le normal par l'anormal, le supérieur par l'inférieur. Il y a là une étrange obstination à montrer que l'Univers est un quiproquo absolu, une ineptie constitutive.

Néophyte Nombre de messages : 4 Age : 49 Date d'inscription : 29/11/2006

Depuis le 04/12 Goldmund n'a plus de journal de bord.

Dis-donc mon lapin, déjà que t'avais pas la vie de Kessel, mais là ça devient limite encéphalogramme plat ou je rêve?

Il semblerait que la régularité narrative auto fictionnelle soit inversement proportionnelle à la turbulence exsitentielle.
Paradoxe constitutionnel: Plus on accuse de rebondissements quotidiens, moins on a le loisir de les relater et vice versa...

D'ailleurs à constater la désertion des inscrits sur ce forum, la vie de chacun doit être trépidante au possible !

How exciting no ?

13/12

je ne fais que dormir, jouer au foot, et manger des sandwichs mous dans le fauteuil de ma voisine, ah je fume des clopes aussi. J'essaie de sauver le ciné du dimanche soir d'une grave crise existentielle... aussi. Des combats de tous les jours sur une jambe, quelle résistance.

Divine Nombre de messages : 197 Age : 118 Date d'inscription : 23/11/2006

Une corde à sauter dans le vide?

Ils en font de bien pour le cou aussi.